Bonjour à tous !
Comme promis dans mon post de présentation, je vous propose ici une petite découverte du littoral à pieds, pour chasser les inévitables fourmis dans les jambes que le farniente et les apéros (même musclés) dans les carrés de nos
frêles esquifs imposantes embarcations ne manquent pas d'attirer.

Dans le cadre des Voies Nautiques de Fréjus du 26 mars au 10 juillet prochain, le samedi 21 mai dernier la ville invitait chacun à une visite gratuite du sentier du littoral ou sentier des douaniers (normalement 6 € par personne, de début juin à fin septembre). Rendez-vous devant le syndicat d'initiative de Saint-Aygulf à 9h30. Prévoir une bouteille d'eau et des chaussures de marche, environ 4,5 km.
Ce sentier, que l'on peut trouver tout au long du littoral, a une histoire : Héritage de la Révolution française, le sentier du littoral – ou chemin des douaniers – serpente des Saintes-Maries de la Mer à Menton. Un sentier... ou plutôt des chemins, portions du long trait de côte méditerranéen (868 km). Il voit le jour en 1791, voulu par l’administration des Douanes pour assurer la surveillance des côtes et contrer passeurs et contrebandiers. Un siècle et demi plus tard, vers la moitié du XXe, les gabelous (les anciens « commis de la gabelle ») se sont métamorphosés en douaniers et le sentier perd – du strict point de vue de la surveillance des côtes – sa raison d’être. Les postes de gardes, les cabanes et les abris sont oubliés et, la nuit venue, à l’heure de « l’embuscade », les brigades ne patrouillent plus. Le sentier tombe à l’abandon. Il renaît un quart de siècle plus tard, à la faveur des lois littorales de 1976 et 1986. Une servitude de passage de trois mètres de large s’impose à toute propriété privée riveraine du domaine public maritime, à l’usage exclusif du piéton.
De 432 km initialement dans le Var, environ 200 existent encore aujourd'hui. Notre guide nous propose de découvrir une portion continue entre le Port de Saint-Aygulf et la calanque du four à chaux où il s'interrompt pour reprendre quelques mètres plus loin. Visiblement historienne et passionnée, elle nous brossera un tableau coloré des heurs et mœurs des habitants du bord de mer avec moult digressions botaniques ou culturelles.
À l'heure dite, un petit groupe de seulement une dizaine de personnes prend la direction du port (vers Fréjus) du côté de la route opposé à la mer, nous allons voir tout de suite pourquoi :
En contrebas de la route "principale" qui va de Fréjus à Saint-Tropez via Les Issambres et Sainte-Maxime, nous nous trouvons sur une petite voie goudronnée bien tranquille car connue surtout des habitués. Notre guide nous explique qu'il s'agit là de l'ancienne voie (étroite) du train des pignes dont il subsiste certaines portions en particulier entre Nice et Digne. En 1861, l'ingénieur dignois Alphonse Beau de Rochas imagine de relier Nice à Grenoble en passant par la vallée du Var, Digne et Gap. Les travaux nécessaires sont colossaux : 25 tunnels, 16 viaducs, 15 ponts métalliques. Le 14 août 1891, un premier tronçon de voie ferrée est ouvert entre Digne et Mézel. La ligne complète est achevée en 1911. Le réseau, vaste de 610 km, court sur quatre départements. Après la Seconde Guerre mondiale, certains tronçons sont abandonnés, comme Nice-Meyrargues et Toulon-Saint-Raphaël.


Deux cents mètres plus loin et après avoir traversé, nous devinons la présence de la mer avec en arrière plan Port Fréjus.

Quelques pas encore et l'entrée du port de Saint-Aygulf se profile.


Première surprise en arrivant au bord du bassin, un "cousin" de mon propre bateau, un Rio 600 Cruiser pour ceux qui ont suivi

. Petit clin d'œil à Joël (RIK-HA-RIK)

Seconde surprise en arrière plan, des pointus ! Ces fameux anciens bateaux de pêcheurs en bois sont remis en état ou construits neufs par des associations locales et nous avons la chance que des membres de Fréjus des Voiles Latines soit justement à l'œuvre sur deux d'entre eux.

Bien que l'entrée du ponton soit théoriquement réservée, notre guide interpelle joyeusement des connaissances et nous échangeons agréablement avec ces passionné(e)s et pouvons admirer de près le "Saint-Aygulf" et le "Ville de Fréjus" en réfection. C'est ce dernier qui a participé à la récente Bravade de Fréjus, fête votive très folklorique qui commémore le sauvetage de Fréjus de la Peste par Saint-François de Paule en 1482 (tous les ans le 3e week-end après Pâques). Il existe également des bravades à Cogolin et Saint-Tropez.

Ils nous précisent que ce superbe pointu n'a été terminé que la veille de la grande fête où il défile jusqu'au centre ville tous les ans, Saint François ayant débarqué sur la plage sur l'un de ces bateaux nous enseignent les historiens.

Les membres de l'association nous apprennent que doit se tenir le week-end suivant à Saint-Tropez un grand rassemblement de pointus venus de toute la méditerranée, cette année encore, Italiens continentaux, Sardes, Corses, Espagnols des Baléares, Tunisiens et, plus près de nos côtes, Toulonnais, Sétois, Cavalairois, Raphaëlois, Fréjusiens, Tropéziens évidemment, et bien d’autres, plus de 60 bateaux viendront partager une passion typiquement méditerranéenne, celle de la voile latine.

En tournant le dos au port on découvre une curiosité datant de la seconde guerre mondiale : des blockhaus bâtis par les Allemands pour défendre leurs positions en cas de débarquement. À l'époque ils avaient été maquillés (avec des enseignes de commerce type "Café" ou autres) et avec les balustrades que l'on peut encore voir aujourd'hui alors qu'ils ont été transformés en habitations.

Ils n'ont pas empêché le débarquement allié en Provence dans la nuit du 14 au 15 août 1944 à différents endroits de la côte entre Toulon et Cannes et plus précisément ici sur trois plages différentes : face à la Base aéronautique navale de Fréjus-Saint Raphaël, au Dramont et sur la plage d'Anthéor.
Vous voyez l'avancée arrondie sous les pots de fleur ?

Sous un autre angle on reconnait une fortification bétonnée disparaissant presque derrière des maçonneries plus classiques :

La suite bientôt !
